Les vignes de Lucien Rocault à Saint Romain

Lucien, du vin et bien plus… Respectueux du terroir, il façonne des vins naturels et authentiques

Des vignes en altitude

Au pied de sa haute falaise, Saint-Romain occupe en Côte de Beaune une position élevée.
Ces vignes s’étagent entre 300 mètres, pour celles voisines au vignoble d’Auxey- Duresses, à 430 mètres pour celles qui grimpent jusqu’à Saint-Romain-le-Haut. C’est l’un des premiers sanctuaires de la vigne celte et gallo-romaine en Bourgogne. Le vignoble est implanté sur des pentes raides et d’excellents sols. Leur composition est variable, ils peuvent être marneux, calcaire, avec par endroits des bans argileux. Le vignoble classé Côte de Beaune depuis 1947 constitue un des principaux atouts économiques du village et renforce l’identité du paysage, objet de protection depuis 1997.

Une relève rondement menée !

Je quitte Beaune et me dirige vers Saint-Romain. Situé à seulement treize kilomètres au sud-ouest de Beaune, je constate que le paysage est plus vallonné. La formation du massif alpin et des périodes glaciaires qui suivent, donnent naissance et à ces Côtes qui s’étendent de Chablis au Mâconnais en passant par la Côte de Nuits, la Côte de Beaune et la Côte Chalonnaise.

Sous un soleil éclatant, je suis accueillie par Lucien installé à Saint-Romain depuis quelques mois. Jeune homme de trente ans et originaire d’Orches, Lucien est la dix-huitième génération de vigneron.  Plongé depuis l’enfance dans la culture de la vigne son orientation était une évidence. Après ses études au  lycée viticole de Beaune, un BTS, et une escapade en Nouvelle Zélande, Lucien prend en 2009 la relève du domaine Rocault et converti en bio les vignes de ses parents.
Malgré la création en 1964 par son grand-père, Bernard Rocault, président-fondateur de la cave des Hautes Côtes, Nuiton Beaunoy, seule cave coopérative de Côte d’Or, dès son arrivée, Lucien se démarque. Guidé par ses convictions, Lucien sort du système coopératif.

Suivre ses convictions

Notre discussion se poursuit dans ses caves, succession de petites pièces où dorment les tonneaux,  avec une première dégustation, un Saint Romain 2014, cépage chardonnay. Tout en m’expliquant les étapes de la fermentation, la première alcoolique, suivie de la fermentation malolactique, je pose mon oreille sur un tonneau pour écouter le crépitement de la levure qui travaille. La particularité des blancs de Saint Romain est issue de son sol de marne blanche et propose ainsi un vin plaisant avec des arômes exotiques : mangue, papaye. C’est dans le calcaire que les racines vont puiser la finesse et la richesse aromatique. La fermentation est une étape importante, elle doit se faire avant l’hiver pour respecter la réglementation qui n’autorise pas plus de deux grammes de sucre par litre. Tout est bien pensé, le boisé du vin se fait grâce à l’échange entre l’air et le vin à travers le bois du tonneau. Lucien  précis dans ses choix, utilise essentiellement des gros contenants afin que le boisé soit discret. D’ailleurs, connaissez-vous la taille d’un fût bourguignon ?

Pour parfaire mon palais, Lucien me propose un exercice de dégustation entre un Pommard village et un Pommard 1er cru qui illustre bien la complexité des terroirs Bourguignons. Une différence gustative significative alors que seulement 200 mètres séparent les parcelles. Il n’y a qu’en Bourgogne que vous trouverez tant de variétés avec un seul cépage.

En parallèle de son activité de vigneron, il est également agriculteur et cultive le colza, le blé, l’orge, producteur IGP de la moutarde de Bourgogne et vice-président des jeunes agriculteurs des Côtes d’Or. Impliqué dans l’association « La ferme de JAnne », qui propose des événements de promotion des métiers et des produits de l’agriculture, il initie les enfants par le biais du projet « Graines d’Ecolier » à la culture du blé et de l’orge.

Au fil de notre conversation, je comprends que sa pratique culturale est douce voire intuitive, tous ses sens sont sollicités. Préserver son outil de travail et être à l’écoute de ses vignes oriente ses méthodes qui respectent l’équilibre des sols et des vignes. Authentique comme ses vins, Lucien porte les valeurs de transmission, de patience et de persévérance.  Pour illustrer son activité, il conclut sur un parallèle entre notre société  où domine l’instantanéité,  et  la terre où la notion de temps prend toute sa dimension.