Le pays de Racan, un territoire dit « philosophique », qui tient son nom du poète Racan. Racan, « le poète des champs » s’appelait Honorat de Bueil (1589 – 1670). Ce pays a bien d’autres richesses. Saviez-vous que le pigeonneau du pays de Racan a une renommée internationale ?

Un aller sans retour

Martiniquais, Julien est issu d’une fratrie de neuf enfants. Dès l’âge de neuf ans, sa maman le met sur les rails du commerce. Lui apprendre à planter des légumes pour les vendre sur le marché de Fort de France. Déjà dans le business ! Julien apprécie de recevoir les compliments des clients du marché sur la qualité de ses légumes.
Il comprend que vendre un produit de qualité est primordial pour se démarquer. Un apprentissage qui pose les bases de son parcours professionnel. Julien décide de partir de son île. La Martinique, il la quitte après son baccalauréat et poursuit ses études supérieures en métropole à Vendôme. Un BTS production animale en poche, Julien cherche un job.

C’était pour lui

Une annonce dans le magazine l’Apécita, un envoi de candidature, l’affaire est conclue. C’est au foyer des jeunes travailleurs de Vendôme que Julien fait « la » rencontre. Une rencontre improbable lors de son déjeuner. Devinez qui se trouve face à lui ? La personne missionnée pour le recrutement d’un associé, un signe ! Un signe déterminant pour la suite de sa carrière.
La rencontre avec ses futurs associés est une évidence. Julien prend place en 2000. Une transmission qui dure quatre ans. Reprendre l’élevage de deux mille couples de pigeons et assurer le développement de l’entreprise, une mission soutenue. Un élevage qui lui a plu tout de suite, « la seule production en agriculture animale où l’ on est obligé de faire avec la nature, on ne peut pas la forcer ».

Le pigeonneau de race hubbel est une production dite nidicole. Les petits naissent nus et aveugles, ils sont sous la protection de leurs parents. Nourris à la becquée, leur alimentation est constituée de 90 % de céréale et de 10% de protéine d’origine végétale. En couple, les pigeons ne se séparent jamais. La répartition des rôles est claire. La femelle pond deux œufs tous les dix-huit jours. A tour de rôle, le mâle et la femelle assurent la couvaison pendant trente jours. Quel bel esprit de famille ! Le respect du rythme de la nature et le cocon familial, des valeurs importantes pour Julien.

L’année de transition

2007, une année charnière. Julien prend une décision radicale. Il scinde le développement de la production et l’élevage. Se recentrer sur le business, l’abattoir et installer des éleveurs. A son tour, Julien transmet son savoir faire. Le moment où les pigeonneaux sont abattus est sensible. Prendre soin de chaque pigeonneau en pratiquant une technique qui respecte l’animal, voilà le secret de Julien.
Il développe de nouveaux marchés et remporte un franc succès, notamment à l’export. Une production qui passe de six cents pigeonneaux semaine à mille cinq cents. Une ascension qui nécessite une nouvelle organisation. Face à la demande des chefs, Julien passe par des plateformes. Une solution qui permet à Julien de maintenir le business et surtout de travailler comme il l’entend ! 

« L’ironie du sort : je n’aurai pas pu faire faire ce que j’ai fait ici là-bas », conclut Julien. Prendre son envol et tout quitter pour s’imposer sur ce marché de niche, quelle victoire !  Et ce n’est pas terminé. La prochaine destination des pigeonneaux de Racan, je vous laisse deviner.