Sous un soleil de plomb, j’arrive à Romilly du Perche pour rencontrer Nathalie Albezard, maraîchère. De père en fille, Nathalie fait perdurer la culture d’une variété de haricot sec de la région, le haricot Comtesse de Chambord. Une production confidentielle !

Une famille de reconvertis

C’est dans les années 80 que le changement s’opère pour la famille Albezard. Ancien informaticien, Robert, le père de Nathalie, amorce avec sa femme, institutrice, un changement de vie avec l’achat d’une exploitation bio à Romilly du Perche.

De son côté, Nathalie poursuit ses études et obtient son CAP (certificat d’aptitude professionnelle) d’ébéniste d’art. Pendant deux ans et demi, Nathalie exerce dans une succursale parisienne à Marchenoir, Loir et Cher. La restauration de meubles signés lui procure beaucoup de satisfaction. Un métier qui sollicite dextérité manuelle, respect des traditions et sensibilité artistique. Un licenciement économique vient chambouler ses plans, Nathalie revient chez ses parents.

Son père a besoin d’un coup de main, Nathalie se porte volontaire. La découverte de ce nouvel univers lui convient parfaitement. Formée sur le tas, Nathalie rejoint son père en 1995 puis assure la relève. Avec onze serres et deux hectares de pleine terre, Nathalie cultive tous les légumes acceptés par une terre agile à silex. Une vie rythmée par les saisons et le soleil « il se lève, je me lève, il se couche, je me couche », que ferions-nous sans lui !

La rencontre avec le haricot Comtesse de Chambord

L’arrivée du haricot Comtesse de Chambord sur l’exploitation de Robert se fait lors d’une rencontre avec un vieux paysan du coin qui lui donne la variété. Ce n’est pas un hasard si Robert le choisit, sa grand-mère le cultivait déjà. Une production peu répandue car non mécanisable.
Vous l’aurez compris, comme son nom l’indique, ce haricot fût cultivé dans la région de Chambord. Ce sera dans « le bon jardinier de 1854 » que l’on trouve une mention à son sujet. Côté saveur, le haricot Comtesse de Chambord est une variété tendre et délicate avec une peau fine donc digeste.

A la recherche de variétés anciennes

Pointue dans ses choix de variétés et ancrée dans une volonté de solidarité et de partage, Nathalie privilégie les échanges entre maraichers. Un réseau qui se fait au « contact à l’ancienne », pas besoin d’internet ! Nathalie me parle du monde des collectionneurs de légumes, des passionnés en quête de nouvelles trouvailles.
En visitant son exploitation, accompagnées de Pepette, la chienne, je découvre l’esthétique de ses parcelles et le respect que Nathalie porte à cette terre cultivée avec passion. J’en profite pour contempler un chou de Saint-Saëns, une variété ancienne, un sacré spécimen ! Son rapport à la terre me fait penser qu’il est fort probable que les qualités et compétences de son ancien métier y soient pour quelque chose.