Contrasté comme sa terre, Yannick, nous dévoile une passion assez inattendue
Le hameau Néel
La Hague, un bout d’ailleurs située à la pointe nord-ouest de la presqu’île du Cotentin. Quel enchantement lorsque je découvre cette nature et ce vent qui enivre. Imaginez des falaises, des dunes, des plages à perte de vue, une végétation de landes, la Hague est une terre de contrastes et de lumières, une région sauvage et authentique.
Même mon « global positioning system » n’a pas su localiser la position indiquée, j’ai donc repris le contrôle pour arriver au hameau Néel. Heureusement que j’avais du réseau ! Accueillie par Yannick, nous rejoignons sa maison. Le hameau Néel, tient son nom des ancêtres de Yannick qui vivaient dans la région en 1615. Une règle simple de l’époque, le hameau prenait le nom de la famille qui y vivait !
Un cheptel sous haute surveillance !
C’est en 1998 que Yannick revient sur ses terres. Des études au lycée agricole Saint-Lô Thère puis au lycée de Sées. Pour les cinéphiles, la cathédrale de Sées a accueilli de nombreux tournages de film. Déjà une posture morale, Yannick refuse d’effectuer son service militaire et devient objecteur de conscience dans une association, les Défis Ruraux à Yvetot. Devenir paysan, un choix aligné à ses valeurs de vie.
Historiquement, l’exploitation familiale est un élevage de vaches laitières, la Holstein « formule 1 du lait » dixit Yannick ! Pour trouver sa place dans le GAEC (groupement agricole d’exploitation en commun), Yannick crée un atelier de moutons. Une race rustique, symbole de la région du Cotentin, le Roussin de la Hague sera l’élu. C’est une race typique du Cotentin qui date du XVIIIè siècle.
Chacun sa place, Jérôme, son frère s’occupe des bovins et Yannick des moutons. Un cheptel qui débute avec 120 brebis pour monter à 340. Me voilà partie à la rencontre des Roussins de la Hague ! Une laine blanche, une tête et des pattes brunes, un regard qui m’a rappelé notre ancien ticket de métro, leurs pupilles ont la forme d’un trait vertical, assez original ! Plutôt bien lotis, une magnifique vue qui donne sur l’océan et un herbage qui ferait des envieux ! Le spectacle ne s’arrête pas là avec l’arrivée en trombe de Guus ! Un border collie qui pilote le troupeau sous les ordres de Yannick, impressionnant !
Vous me direz mais, quelle différence entre le Roussin de la Hague et le mouton pré-salé du Mont Saint-Michel, tout se joue sur les herbues, et oui ! Le pâturage côtier doit être périodiquement recouvert par la mer.
Une découverte insoupçonnée
Yannick est interprète et musicien, il reprend les poèmes de Côtis-Capel, pseudonyme d’Albert Lohier, qui fut prête, marin et poète. Une interprétation qui reflète sa sensibilité et son enracinement. Ce vecteur artistique lui permet d’exprimer ses valeurs et son attachement à sa terre. Comme un exutoire pour véhiculer ses valeurs au travers des textes. Des textes en langue normande que j’aie eu la chance d’écouter, un présent de Yannick.
Comme un funambule
Etre en symbiose avec ses bêtes, passe par une attention particulière tant, sur l’observation de leurs comportements que les odeurs que peut dégager le lait. Cette attitude prend toute sa dimension lors des décisions prises avec sa femme et son frère. Trouver les bons compromis, pas toujours facile dans une exploitation de cette envergure. Conserver ses valeurs tout en assurant une production de qualité, le leitmotiv de Yannick.
Pour valoriser son élevage Yannick songe à passer en bio. Une réflexion qui ne se fait pas à la légère, garantir une production de qualité et rester performant économiquement. Etre éleveur, c’est aussi assurer le rôle de chef d’entreprise.
Faire mieux pour laisser une empreinte digne de son héritage, la conclusion de Yannick. Sa quête : être en équilibre avec ses valeurs. Cette perspective de vie restera l’image que je conserve. Un homme d’une grande richesse.
Portrait du Clan
Yannick Bonnissent
Le Hameau Néel
50440 Gréville Hague
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